Les refuges secrets…

Chez soi, les lieux familiers du salon, de la cuisine, du jardin deviennent de discrets réconforts face au tumulte incessant du monde extérieur. On apprend à fermer doucement les yeux sur l’agitation des réseaux, à déposer le portable sans vouloir le recharger tout de suite. On baisse la radio sans plus chercher à entendre quoi que ce soit. C’est un petit pas de côté vers la quiétude, une pause dans le rythme effréné, une invitation à observer avec une conscience nouvelle et à changer de regard  autour de soi.

Ce n’est pas toujours évident, surtout lorsque notre curiosité affûtée nous pousse à vouloir tout voir, tout entendre, tout connaître. Mais il y a une liberté intentionnelle dans cette décision : celle d’avancer autrement. Ainsi ouvrir une fenêtre au matin, avant que l’arôme du café ne colore doucement la lumière naissante, ou d’écouter le clic discret de la serrure, témoin du départ des enfants vers leur ronde quotidienne. Et puis, le soir venu, s’accorder le droit d’ouvrir encore une fois cette fenêtre, lorsque le soleil s’étire en une nappe de feu et s’efface lentement derrière l’horizon.

De là, on peut entendre alors le chant discret des grillons, le croassement tapageur des grenouilles, et certains oiseaux qui semblent converser dans un langage ancien, presque sacré. Au loin, le bruit lointain des voitures, comme un murmure de la civilisation qui ne dort jamais, mais par-dessus tout cela, il y a ce pépiement obstiné, ce petit oiseau qui répond à un autre comme s’il lui enseignait une leçon oubliée.

Dans ce monde où tout semble exiger une approbation extérieure, une course effrénée vers la performance, il est urgent de savoir se donner cette permission silencieuse : celle d’être connecté à rien d’autre qu’à l’instant présent, où que l’on soit.  Dans la vaste agitation de nos quotidiens, je vous invite à bâtir vos refuges secrets.

©Gabrielle Fourcault


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