Rencontre avec « V »
Ma sœur « V « enseigne la philosophie et aime son métier qui la met au contact des lycéens. Il y a peu, elle a eu un message d’un ancien élève qui a fait son chemin et est entré dans le monde professionnel. Ce message était un véritable cadeau car il y disait toute la gratitude pour l’enseignement reçu pendant son année lycée. Il a retenu en particulier la fable des porcs-épics du philosophe Schopenhauer. Travaillant dans le marketing, la parabole lui est utile tous les jours, lui a-t-il précisé. Je vous livre l’histoire en quelques lignes. Par une froide journée d’hiver, des porcs-épics se serraient les uns contre les autres pour se tenir chaud. Cependant, à force de ressentir les brûlures de leurs piquants, ils durent s’éloigner les uns des autres. Quand ils eurent trop froid, leur instinct les incita à se rapprocher un peu plus, encore un peu plus. Et de nouveau, ils ressentirent les douleurs de leurs piqures. Ils s’écartèrent de nouveau jusqu’à ce qu’ils trouvent enfin leur juste distance. La fable fait réfléchir sur le besoin de société, les défauts et qualités de nos semblables, la sociométrie (l’ensemble des relations interpersonnelles d’un groupe à un moment donné), les manières de se comporter pour que la vie en commun devienne possible. C’est ainsi que la politesse, le savoir-vivre et le savoir-être deviennent des vertus sociales qui rappellent la marche du monde. Souvent obsédées par les calculs, les marges de croissance et la traque aux défaillances, les activités humaines sont souvent oublieuses de simplicité, de sincérité et de bienveillance. Le regard est tacitement rivé sur l’optimisation de l’humain, coupé du réel dans une nébuleuse de négativité. Les certitudes empêchent alors toute agilité. Je nous souhaite de renoncer à l’opacité et aux artifices pour que ne reste que l’essentiel, aux postures équivoques pour que ne transparaisse que la clarté, à la zone de confort pour que ne surgisse que l’important.
©Gabrielle Fourcault
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