
La chance est-elle le fruit du hasard ou au contraire se construit-elle dans le terrain de jeu de nos actions, de nos espoirs, de nos certitudes, de nos doutes ou encore de nos angoisses ? Pourquoi un terrain de jeu, me direz-vous ? Parce que nous avons tous un rôle à jouer dans cette vie si confrontante aux séismes de toutes sortes. Dans une société où le credo est la performance, la rentabilité, la bonne santé, l’autopromotion, les humains que nous sommes sont constamment traversés par les adversités. Parfois légères, parfois graves, parfois dramatiques. Dans le cadre de la journée internationale de l’autisme, cette semaine, j’ai rencontré notamment un homme de 25 ans et une femme quadragénaire souffrant de ce trouble (il s’agissait en l’occurrence de l’Autisme Asperger). Leurs témoignages m’ont beaucoup émue. Confrontées au harcèlement, au déni et au rejet, ces personnes n’ont eu de cesse de porter leur dignité à bout de bras. C’est quand le diagnostic est posé, avec la reconnaissance de leur handicap, que leur être a un début de commencement de liberté sans honte à se savoir enfin différent. En nous livrant un bout de leur histoire, j’ai compris qu’ils n’avaient de cesse de conquérir leur dignité. L’auteur et psychiatre, Christophe André, dans son dernier livre, a écrit ceci : « la dignité est ce respect inconditionnel dû à un humain par un autre humain. (…). C’est reconnaître que ni l’un ni l’autre ne peuvent être instrumentalisés, classés ou évalués en termes de valeur ou de rendement. » Cette dignité est loin d’être reconnue par le plus grand nombre tant elle n’est affaire ni d’origine, ni d’éducation, ni de condition sociale, ni de couleur de peau, ni de genre, ni même de dispositions intellectuelles ou physiques. Ce n’est pas de la naïveté ou de la bien-pensance que de dire cela. C’est rappeler que notre regard détient bien souvent la clé de tout. Je nous souhaite de draper nos yeux de dignité, dans le respect des différences et de l’action.
©Gabrielle Fourcault
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