
Il y a dans le goût, la gourmandise, une sorte de mémoire qui nous renvoie à nos souvenirs intimes. Chaque saveur, qu’elle soit douce ou amère, porte en elle une histoire, un étique souvenir dans les profondeurs de l’instant présent. On ne peut s’empêcher de penser à la petite madeleine de Proust, évidemment, qui a su souligner ce mélange des mémoires des sens et du cœur. Ainsi j’ai un penchant pour les biscuits pomme noisette que je prends avec mon thé de quatre heures ou mon infusion du soir. Ces gâteaux secs et consistants m’évoquent ma grand-mère qui trouvait que je ne mangeais jamais assez. Elle s’était donc ingéniée à trouver quelque chose qui soit riche diététiquement et qui fasse l’affaire avec un bon thé aux fruits rouges. J’ai littéralement fondu devant cette composition si pleine de tendresse. Ce nouveau quatre heures de mes quinze ans était mon rendez-vous avec elle les jours du week-end. Encore aujourd’hui, ces biscuits ont une imprégnation affective forte. Ils font partie de mes rituels quotidiens. Ainsi, il peut en être d’un parfum, d’une odeur qui évoque un fragment de notre histoire personnelle. Il y a quelque chose de presque énigmatique dans la façon dont la saveur peut évoquer des images parsemées, des lieux oubliés ou des visages lointains. La saveur a le pouvoir de nous faire voyager dans le temps révélant des émotions que les mots ne sauraient contenir. Je vous souhaite de plonger dans un festin d’émotions que seul le cœur peut entendre et de l’agrémenter aux couleurs chaudes de l’instant présent.
©Gabrielle Fourcault
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