Peut-on rire de tout ? Non, je ne le crois pas même si le rire peut revêtir toutes les émotions humaines : la joie, la stupeur, la peur, l’angoisse, la moquerie, l’humour, l’incrédulité, la gêne… Rire à gorge déployée, rire de bon cœur, rire jaune, rire du bout des lèvres, rire sous cape, rire dans sa barbe, rire sardonique … L’humoriste Pierre Desproges disait que « l’humour est la politesse du désespoir » et que le rire avait la vertu « d’exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles. De ce fait, il accréditait l’idée de pouvoir rire de tout, même de la misère, de la guerre et de la mort. Mais je ne crois pas que l’on puisse rire de tout. Pas d’un enfant qui meurt de faim, pas d’une maladie incurable, pas du tragique qui peut frapper tout un chacun, pas d’une guerre qui terrasse des vies humaines. Dans l’ordinaire de la vie, je crois que le rire est fondamental car il est à la fois l’exutoire et le prolongement de notre être dans une liberté d’expression qui lui est propre.
Le rire est une mécanique de l’esprit qui tient à distance l’adversité et, dans le même temps, se résigne à accepter tout ce qui est. Quand il est imprégné de joie, le rire est une merveille qui chatouille l’âme d’amour et de douceur. Ainsi j’ai en mémoire le tournoiement de mes enfants au-dessus de ma tête, en mode avion, quand ils étaient petits et que le rire se déployait dans le jeu et le lâcher-prise dans les moments d’une journée bien remplie. Quand le rire est un don de soi et non une arme, sa force insécable vient ajouter de la beauté à la joie. Je vous souhaite de trouver le rire de vos envies pour saupoudrer vos sérieux de douceurs et aimer sans mesure.
©Gabrielle Fourcault
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