Les liens, ils sont dans l’invisible et le visible, dans les présences et les absences, les projets, les espoirs, les silences, les doutes, les courses, les préparatifs d’anniversaire, les plans de voyage abandonnés, les passages des amis venus vous rendre visite, les jeux des enfants, les légumes du jardin apportés par le voisin, les messages sur les portables, les sourires, les larmes au fond des yeux, les énervements ou les indifférents dans les queues au supermarché. Les liens sont surtout dans les regards accrochés à ceux ou à celles que nous aimons tellement que nous cherchons leur réassurance de leur amour au fond des yeux. Invitée à un dîner de famille récemment, j’ai été touchée, oui profondément touchée par ce regard d’Emilie (j’ai changé son nom) envers son père à propos d’un projet de vie, un peu fou, passionné et qui a fini par aboutir ! Ses yeux virés aux siens comme des bras autour du cou pour lui dire que son avis compte tant et qu’elle en aura toujours besoin, jusqu’au bout, même à 48 ans…. Nous sommes des êtres de liens dans un écosystème qui peut être tourbillonnant, destructeur, perturbant, étouffant ou encore calme, apaisant, structurant…Les rêves mêmes vous rappellent que vous êtes traversés par les liens constamment.
Quels grands apprentissages d’équilibriste pour rassembler ses pensées, trier, prioriser, avancer sans se perdre dans les exigences de l’esprit, les sollicitations extérieures, les peurs de nos proches, les angoisses qui nous habitent, notre manque de confiance en nous-même ou au contraire notre excès d’optimisme ou de pessimisme ? Et puis, il y a ces petits ou grands tracas qui vous rongent de l’intérieur parce que vous savez que le chemin que vous prenez exigera tellement de vous qu’il ne sera pas sans conséquence dans les métamorphoses de l’existence. Puissions-nous traverser nos chemins de Damas avec l’humilité de l’instant présent.
©Gabrielle Fourcault, texte et photo.
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