Tous les week-ends, je cours autour d’un lac qui est au cœur d’une base de loisirs dédiée aux sports nautiques et de plein air. Ce samedi, des familles, des sportifs, quelques cyclistes, des groupes de pêcheurs, s’adonnent à leurs activités. Un couple d’amoureux s’embrasse sur un banc. Il fait beau, malgré le vent qui pousse des vaguelettes sombres sur le lac. Après avoir mangé deux grands carrés de chocolat noir, je commence le parcours qui me fera boucler mes 7 km.

Devant moi, un bonnet rose avec un énorme pompon s’agite de gauche à droite. Quand je le devance, je découvre une vielle dame qui marche d’un pied alerte et hume à pleins poumons les senteurs boisées du sentier. Je la salue et elle me sourit. Peu après, j’entends une maman réprimander un garçon de 4 ans qui a accaparé brutalement le ballon de son petit frère. Il pousse le ballon avec joie, puis se ravise en le ramenant vers son cadet qui a déjà trouvé refuge dans les bras de sa mère, les yeux et les cris en pleurs. La maman ignore son aîné un instant et le rudoie sans ménagement en repoussant sa main et son ballon. C’est trop tard, ses excuses ne changeront rien au fait que c’est un méchant garçon. Près de moi, désormais, un ballon lourd de chagrin et de culpabilité est poussé par l’enfant dont je devine les sanglots dans la gorge. La compassion me semble tellement en sourdine dans ce bas monde. Du creux et du plat… J’active mes foulées et monte la colline. Deux joggeuses sont en pleines conversations, puis derrière elles, le bonnet rose au large pompon m’apparaît. Le visage ridé aux yeux clairs me sourit de nouveau. Combien de tours ? me demande-t-elle. Je lui réponds que j’en fais toujours quatre. Avec un large sourire de satisfaction, elle me répond qu’elle en fait toujours un. J’éclate de rire. Voilà une affirmation de soi qui prend les choses comme elles sont.
En une matinée, il y a tant de scènes de vie autour de ce lac, tant d’arrêts sur image qui nous révèlent des facettes d’humanité semblables et différentes. Quelle que soit votre route, je vous souhaite de trouver le pouls de vos équilibres de vie, où que vous soyez, avec un zeste de compassion.
©Gabrielle Fourcault
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